Les extincteurs sont des appareils conçus pour protéger la vie et les biens. C’est pourquoi leur fabrication et leur entretien sont régis par des normes strictes émises par la NFPA, un organisme américain à portée internationale dont les normes sont reprises par nos codes nationaux et locaux de prévention des incendies.
Lorsque j’ai démarré la vente et l’entretien d’extincteurs à l’automne 2020, j’ai voulu prendre de la formation afin d’être un technicien certifié. J’ai cherché en vain (MSPQ, RBQ, ATPIQ, etc.), pour me faire dire qu’il n’y a plus de certification nécessaire au Québec, et qu’aucune formation n’est disponible en français. J’ai donc dû m’autoformer en adhérant à la NFPA (National Fire Protection Association) et en me référant à des formations en anglais d’autres provinces. J’ai étudié la norme NFPA 10 (en anglais, puisque Les publications du Québec ne l’offre plus en français) et je m’assure de l’appliquer rigoureusement.
Malheureusement, l’expérience de cette première année dans ce domaine me démontre que tous les entrepreneurs de notre secteur d’activités ne sont pas aussi rigoureux dans l’application des normes. En effet, bien que toutes les lois et règlements stipulent qu’on doive appliquer la norme NFPA 10, je vois régulièrement des anomalies qui contreviennent à cette norme sur des appareils qui arrivent à mon atelier. Et les propriétaires de ces appareils n’obtiennent pas la qualité de service qu’ils devraient s’attendre.
Cet appareil, installé au sous-sol d’une église des Laurentides, a été fabriqué en 1972. Il a subi un test hydrostatique en 2018 et a été recertifié en 2018, 2019 et 2020 par un entrepreneur, bien que la norme NFPA 10 spécifie que les extincteurs à produit chimique sec et à pression interne fabriqués en 1984 et avant doivent être mis hors service. J’ai observé le même problème dans un hôtel. |
Entreposé dans le compartiment non ventilé d’un camion et déposé au sol, la dégradation de cet extincteur s’est certainement aggravée dans la dernière année, au point où le métal est devenu perméable et qu’il ne garde plus la pression du gaz d’expulsion. Mais la rouille ne date visiblement pas d’hier. Croyez-le ou non, cet extincteur a été certifié en 2020 par une entreprise spécialisée
Cette tige de valve, pièce maitresse permettant l’expulsion de la poudre, date visiblement de plus de 6 ans. Elle était coincée dans le corps de valve d’un extincteur, car rouillée et gauchie, alors qu’elle aurait dû être remplacée lors de l’entretien préventif effectué en 2019..
Les gens qui ont certifié ces extincteurs font fi des règles en toute connaissance de cause. Mais qui les surveille ? Qui intervient ? Personne !
Les normes n’existent pas pour rien, elles sont là pour protéger le public et encadrer l’exécution de notre travail. Un extincteur n’est pas un bibelot, c’est un appareil conçu pour sauver des vies et protéger les biens. Même s’il est peu probable qu’il serve un jour, s’il ne fonctionne pas lorsqu’on en a besoin c’est notre sécurité qui est en jeu.
Le consommateur, lorsqu’il nous confie un extincteur, s’attend à ce que l’on effectue le travail correctement. Il confie l’entretien à un professionnel et il n’est pas en mesure d’en apprécier la qualité car, il ne connaît pas ça. Il est donc vulnérable face aux entreprises qui tournent les coins ronds.
Les seules instances qui pourraient informer les citoyens et intervenir auprès des entreprises délinquantes demeurent les services d’incendies. Malheureusement, pour diverses raisons, il n’y a que peu de municipalités où l’on procède à des inspections régulièrement et les anomalies ne sont souvent pas soulevées. Les consommateurs propriétaires d’extincteurs portatifs sont donc laissés à eux-mêmes.